BULLETIN FLAUBERT n° 261
26 mars 2025
VIENT DE PARAÎTRE
Ouvrages
Antonio Álvarez de la Rosa, Flaubert a la carta (Una brújula en el laberinto) [Flaubert à la carte (Une boussole dans le labyrinthe)], Madrid, Páginas de espuma, Prix Málaga Essai 2024.
Un professeur de littérature française revient à Rouen pour contribuer aux manifestations du bicentenaire de la naissance de Flaubert. Il est surpris en découvrant que l’écrivain non seulement est encore vivant, mais est logé à l’Hôtel littéraire Gustave Flaubert. Dans le comble de son bonheur et grâce à l’aide d’Yvan Leclerc, l’éminent flaubertiste, on l’invite à s’entretenir avec le romancier, à lui poser des questions d’une rageuse actualité ou plutôt d’une actualité enrageante, assis dans un confortable fauteuil, à table dans un bon restaurant ou en se promenant dans certains endroits historiques de Paris. Il commence alors à imaginer la possibilité de contempler ses propres idées dans le miroir de la correspondance de Flaubert, de servir de passeur au lecteur actuel pour constater la vigueur de sa pensée. Dans une sorte d’autobiographie intellectuelle, il découvre et raisonne, par exemple, sur l’importance essentielle du mot juste, sur la bêtise généralisée et les idées reçues qui rongent la réflexion, la révolution féministe, l’énigme de l’amour, les problèmes sociaux, le besoin de dialoguer avec les classiques, le doute comme moteur de l’intelligence et la recherche de la vérité, le scepticisme devant le pouvoir, n’importe quel pouvoir.
Le romancier a mis une seule condition pour accepter ces conversations insolites : ses réponses devront être extraites de ses lettres, parce qu’il se méfie du journalisme. À travers sa correspondance et les réflexions de l’auteur de Flaubert à la carte (Une boussole dans le labyrinthe), le lecteur découvre que Flaubert ne se limite pas à décrire les êtres humains de son époque, mais la sempiternelle condition humaine, la même, disons, que celle des contemporains de Platon. Il découvrira aussi que l’auteur de Madame Bovary est un provocateur, c’est-à-dire un stimulant de notre sens critique. Il nous oblige à penser et repenser, nous induit à ne pas considérer que les choses sont toujours concluantes. Dans un temps de fondamentalismes, de fanatismes orientaux et occidentaux, de turbulences de tout type et des tromperies et trompe-l’œil, il convient de s’attacher à des bouées de sauvetage et de se réfugier entre les pages des classiques de la pensée, c’est-à-dire de tous ceux qui depuis longtemps nous éclairent sur la condition humaine, la même qu’ils ont pu observer, parce que nous ne pouvons pas la changer, mais la connaître pour mieux nous orienter à travers le labyrinthe.
